Le chiffre d'affaires des clubs progresse de 18% en saison 18/19, mais la rentabilité reste fragile
L'impact total estimé de la clôture prématurée de la saison 19/20 en raison de la crise du COVID-19 se traduit par une chute d'environ 25 pour cent des revenus totaux.
Deloitte et la Pro League ont présenté aujourd'hui la troisième édition de « The socio-economic impact of the Pro League on the Belgian economy ». L'étude mesure en termes quantitatifs et qualitatifs l'impact socio-économique du football professionnel belge. Le chiffre d'affaires des clubs continue de croître, atteignant 378,5 millions d'euros en 18/19 pour 321 millions d'euros sur la saison 17/18 et 313 millions d'euros en 16/17. Le produit total brut de la Pro League est estimé à 1,1 milliard d'euros . En d'autres termes, les particuliers et les organisations ont injecté 1,1 milliard d'euros dans l'économie belge grâce au football professionnel via les tickets, le sponsoring, le merchandising, etc. Cela représente une croissance de 21 pour cent par rapport àl'année dernière. L'ensemble des clubs représente au total 4.095 emplois. Le nombre d'emplois directs (joueurs, employés des clubs, etc.) a reculé de 2.108 à 1.986 en 18/19 en raison d'une diminution de l'encadrement et des autres employés.
Croissance avant la crise du COVID-19
Les clubs belges ont réalisé un chiffre d'affaires de 378,5 millions d'euros sur la saison 18/19, 18 pour cent de mieux que la saison précédente. Toutes les sources de revenus traditionnelles (billetterie, sponsoring et publicité, droits de retransmission, commerce et même les prix UEFA plus volatils) ont connu une croissance sensible. L'augmentation des prix UEFA s'explique principalement par la réussite relative des clubs belges dans les compétitions européennes. Cela leur a valu 63,6 millions d'euros en prix UEFA, le double de la saison antérieure. Les droits de retransmission ont augmenté à 84,3 millions d'euros et représentent 22 pour cent du total des revenus, qui était de 80,9 millions d'euros pour la saison 17/18. Les revenus du sponsoring atteignent 76,2 millions d'euros , venant de 68,2 la saison précédente. La forte progression du chiffre d'affaires en 18/19 a permis d'injecter 1,1 milliard d'euros dans l'économie, soit une croissance importante de 21 pour cent par rapport aux 943 millions d'euros de 17/18.
Pour la saison 18/19, la contribution du football professionnel belge à notre économie représente 630 millions d'euros, contre 615 millions d'euros l'an dernier. Le résultat de cette année a été obtenu par une nouvelle méthode de calcul. Celle-ci repose sur les nouveaux multiplicateurs économiques définis par le Bureau fédéral du Plan belge*.
Les transferts occupent en effet une place très importante dans le modèle économique de nos clubs.Sam Sluismans
Impact de la crise du COVID-19 sur la Pro League
Cette évolution positive, cependant, est freinée par la crise du COVID-19, qui frappe durement la saison 19/20 et ne sera probablement pas sans répercussions sur les saisons à venir.
« Même s'il est prématuré de se prononcer avant de disposer de chiffres exacts, nous estimons que l'impact total de la clôture anticipée de la saison 19/20 entraînera un recul d'environ 25 pour cent du total des produits, surtout dans la billetterie, le sponsoring et les revenus commerciaux. Il faut ajouter à cela que le marché des transferts, très actif ces dernières années, risque de subir les effets de la crise. La situation des clubs belges s'en trouvera encore plus affectée. Les transferts occupent en effet une place très importante dans le modèle économique de nos clubs, » explique Sam Sluismans, associé chez Deloitte Belgique.
Les coûts salariaux des joueurs en hausse pour 18/19
Si les revenus ont augmentés en 18/19, nous pouvons en dire autant des charges. Le total des coûts salariaux des joueurs, la principale dépense des clubs, a atteint 249 millions d'euros pour la saison 18/19. Cela se traduit par un salaire annuel brut moyen de 233.000 euros A titre de comparaison, le total des coûts salariaux des joueurs de s'élevait à 214 millions d'euros en 17/18, se traduisant en un salaire annuel brut moyen de 211.000 euros. Sur les 233.000 euros de salaire brut annuel moyen, le salaire brut réel est de 207.000 euros tandis que les cotisations d''assurance collective est de 26.000 euros. Le ratio coûts salariaux/revenus, obtenu en divisant les salaires des joueurs par le chiffre d'affaires total (hors transferts), a baissé de 56 pour cent à 55,2 pour cent, reflétant une augmentation légèrement plus importante du chiffre d'affaires par rapport aux salaires des joueurs. Outre la hausse des salaires des footballeurs, les coûts salariaux totaux des autres employés augmentent aussi mais dans une moindre mesure.
Le produit des transferts de joueurs diminue tandis que les commissions des agents continuent d'augmenter
Les transferts de joueurs constituent un autre élément important de la rentabilité des clubs. Le résultat comptable net des transferts, qui prend en compte la vente et l'achat de joueurs, l'amortissement des joueurs et les honoraires des agents, est tombé de 73,3 millions d'euros en 17/18 à 22,4 millions d'euros en 18/19. Cette tendance à la baisse s'explique par plusieurs facteurs, notamment l'augmentation constante du montant des transferts. La valeur des joueurs au bilan des clubs atteignait 172,3 millions d'euros en 18/19, soit 22 pour cent de plus qu'en 17/18, pour une croissance moyenne annuelle de 24 pour cent depuis 16/17.
La réduction des transferts due aux cinq grandes compétitions de 18/19 par rapport à 17/18 entraîne une baisse des revenus de transfert pour les clubs et explique en partie la chute du résultat net des transferts. « Le résultat de cette année rappelle l'importance des transferts dans le modèle économique de nos clubs. Pour continuer à réussir sur le marché des transferts, le mieux est de privilégier le développement des talents dans les académies nationales de jeunes, dans le but de confirmer la place de notre pays parmi les grandes nations du football. Nous ne disposons pas encore des chiffres pour la saison 19/20, mais nous observons une forte activité sur le marché des transferts. Cela permet d'espérer un meilleur résultat net des transferts pour les années à venir», selon Sluismans.
Le résultat net des transferts est également tributaire des commissions des agents. En Belgique, un total de 45 millions d'euros en commissions a été payé à 289 agents actifs en 18/19, soit 8 millions d'euros de plus que sur la saison 17/18. Sur cette somme, 26 millions d'euros (57 pour cent) ont été payés pour les transferts entrants et sortants, et 19 millions d'euros (43 pour cent) pour la médiation, notamment à l'occasion des renouvellements de contrat. Plus d'un tiers du total des commissions d'agents (37 pour cent) est resté entre les mains des cinq principaux agents.
Malgré la croissance des revenus, les clubs belges enregistrent une perte de 91 millions d'euros dans leur rentabilité
Malgré la croissance importante du chiffre d'affaires, le résultat net des transferts en baisse, l'augmentation des commissions d'agents et la progression des salaires des joueurs affectent considérablement la rentabilité des clubs. Les clubs belges enregistrent une perte globale 91 millions d'euros en 18/19, à comparer à la perte de 48 millions d'euros la saison précédente. « Pour améliorer leur rentabilité, les clubs belges devront avant tout maîtriser leurs coûts », selon Sluismans.
La diminution des profits a eu un impact direct sur la contribution des clubs belges à l'économie du pays. Compte non tenu des +31 millions d'euros dus à l'application des nouveaux multiplicateurs économiques* qui a porté la valeur ajoutée brute totale à 630 millions d'euros en 18/19, la chute des résultats des transferts et des profits a affecté négativement la valeur ajoutée brute comparée à la saison précédente (-16 millions d'euros).
Création d'emplois directs en recul
La Pro League et les clubs belges ont pourvu 4.095 emplois sur la saison 18/19, soit une différence de 10 pour cent par rapport à la saison 17/18 sous l'effet du nouveau multiplicateur emploi de la demande finale appliqué à la saison 18/19. Parmi ces emplois, 44 pour cent concernent des joueurs de football. Les 56 pour cent qui restent (comme la saison dernière) sont ceux des autres employés. Cependant, la création d'emplois directs (joueurs, employés du club travaillant au bar du stade, etc.) a diminué de 2.108 à 1.986 en 18/19 en raison de la diminution de l'encadrement et du personnel. La contribution fiscale totale atteint 88 millions d'euros pour l'ensemble de l'impôt des sociétés, des taxes salariales, des cotisations sociales et de la TVA.
Les clubs belges continuent d'investir dans les jeunes : 2,2 fois plus que le minimum légal
Les clubs belges continuent d'investir beaucoup de temps et d'argent dans les académies de jeunes, leur épine dorsale.
« En 2018, les clubs ont investi 50 millions d'euros alors que la loi leur impose d'investir 23 millions d'euros. L'objectif ultime est de permettre à certains jeunes d'arriver au sommet. Sur la saison 18/19, 261 jeunes joueurs belges (moins de 23 ans) avaient un contrat à temps plein ou à temps partiel, 13% de plus que la saison précédente. Ensemble, ces jeunes joueurs ont passé 98.717 minutes sur le terrain (+20% comparé à 17/18), ce qui représente 11% du total des minutes de tous les joueurs», précise Pierre François, CEO de la Pro League.